La permaculture : un retour en avant
En amont de la réalisation d’activités agricoles et artisanales, il y a l’élaboration pour l’ensemble du domaine de la ferme d’un concept régénératif en permaculture1, dont les trois piliers sont : prendre soin de l’humain, prendre soin de la terre et partager équitablement les surplus.
L’association décide d’un concept permacole et le réajuste périodiquement afin de valider des conceptions, des objectifs, des conditions et des instructions pour les administrateurs collégiaux de l’association et pour les AP qui sont en charge d’organiser les activités et de veiller à leur réalisation.
Les membres associés, les sympathisants et les partenaires de l’association participent au concept en organisant périodiquement des séminaires et des chantiers thématiques, avec des personnes ressources professionnels ou expérimentés, afin d’élaborer un agro-éco-système pour la ferme.
Au quotidien et en attendant l’élaboration progressive d’un concept de plus en plus complet et d’instructions de plus en plus précises, les administrateurs collégiaux décident d’un concept permacole provisoire, en évitant de faire réaliser des aménagements difficilement réversibles pour permettre des modifications ultérieures.
L’annexe de cette présentation intitulée « Concept en Permaculture du domaine de la ferme du moulin de Ravel » est le document, en chantier et élaboration permanente, de présentation du concept, des cartographies et des inventaires des cultures et des écosystèmes sur le domaine de la ferme.
Le concept de départ du projet commence avec l’objectif de faire de son mieux pour concilier …trois objectifs parallèles :
- Un objectif démonstratif et expérimental, dans une future économie locale, équitable et de subsistance
- Un objectif pédagogique, dans une démarche de formation professionnelle « en autonomie » et sur « l’autonomie paysanne et permacole »
- Un objectif économique et social, pour trouver des moyens de transitionner malgré les contraintes de l’économie actuelle.
L’objectif démonstratif
Il s’agit de pouvoir démontrer qu’un domaine agricole en permaculture dans le haut-diois peut subvenir à au moins trois besoins vitaux, « se loger chauffé », « se nourrir » et « se vêtir ».
Cet objectif se déroule sur une surface moyenne d’un foyer par hectare agricole, et avec la condition qu’un ratio de deux foyers de paysans génèrent assez de surplus pour loger chauffé, nourrir et vêtir un foyer de non-paysans2.
Les paysans et les non-paysans ayant naturellement dans cette équation tous un mode et un train de vie énergétiques sans énergies fossiles.
L’idée est d’expérimenter ainsi une répartition sociale et productive similaire à celle de nos ancêtres avant l’ère urbaine industrielle du charbon et du pétrole.
Il s’agit d’utiliser des connaissances et des techniques issues des savoirs ancestraux et des découvertes scientifiques récentes, et avec des choix de cultures que l’on souhaite adaptées aux changements climatiques et à des pénuries de ressources.
Le concept permacole final du domaine, dans X années, sur environ 6 hectares de terres agricoles et le triple en forêt, devrait donc théoriquement pouvoir produire de quoi loger chauffé, nourrir et vêtir environ 6 foyers de paysans et 3 foyers de non-paysans dans un climat qui devrait être similaire à celui de l’Afrique du nord dans moins de trente ans sur la moitié sud de la France3.
Cela reste un objectif d’expérimentations et d’aménagements pratiques afin d’atteindre une capacité théorique duplicable dans une future économie locale.
Le foyer ou feu était l’unité utilisée avant l’ère industrielle et métropolitaine pour le décompte de la population, à partir des cheminées des bâtisses (environ dix personnes par foyer à l’époque).
Un foyer à la ferme d’apprentissages peut être composé d’une personne seule, d’un ménage, d’une famille avec enfants, d’une collocation étudiante en agronomie, etc…
Chaque AP agit pour l’autonomie et le bien-être de son foyer. La vie domestique permacole de chaque foyer se fera réellement autour d’un feu, servant de chauffage et de cuisinière à bois (classique ou rocket-stove).
Pour augmenter et diversifier les capacités d’accueil de foyers, les apprentis-paysans aménageront différents espaces de logements pouvant accueillir des foyers de différentes tailles sur de multiples saisons (allant d’une personne seule à une dizaines de personnes, avec potentiellement tous les âges de la vie représentés).
L’objectif démonstratif de la ferme d’apprentissage d’être en capacité de vêtir neuf foyers n’implique pas que tous les ateliers de confection et de réparation de vêtements soient à la ferme mais plutôt en grande partie chez des partenaires locaux. Pour la démonstration, la ferme doit cependant produire suffisamment de matières premières pour vêtir neuf foyers.
L’objectif pédagogique
Le concept de la ferme et ses activités doivent intégrer sa fonction d’outil pédagogique permettant d’y effectuer des formations professionnelles avec une grande autonomie d’organisation personnelle, sur les thèmes de l’Autonomie de subsistance, individuelle et collective.
Le concept de la ferme doit permettre d’accueillir des publics désireux de s’initier ou d’approfondir leurs savoirs paysans et permacoles sur des périodes plus ou moins longues dans un réseau soutenant d’entraide entre usagers cohabitants et co-apprentis, ainsi qu’avec des voisins et partenaires locaux.
Cela signifie qu’une partie de la capacité d’accueil de publics doit être réservée à de l’accueil « pédagogique » d’usagers en résidence principale ou ponctuelle.
Cela consiste donc à entretenir, gérer, animer, développer des espaces d’habitats privatifs en prêt et en location : chambres, salon/cuisine et salle d’activités chauffables, espace de camping et espace de caravaning (dont roulotte, camion aménagé ou tiny houses) pour plusieurs dizaines de personnes.
Les AP résidents et les volontaires ponctuels ont également besoin de disposer de matériels et d’outils de travail, d’animaux de ferme, d’espaces de pratiques et de supports de formations, de bibliothèque, de médiathèque et de matériauthèque, selon les activités agricoles et artisanales qu’ils souhaitent vivre.
Les apprentissages et les contenus pédagogiques sont coorganisés au sein des groupes d’activités par les membres de ces groupes, en fonction des moyens et du temps dont ils disposent.
Lorsqu’il nous semble qu’il n’y a plus personne autour de nous pour nous apprendre quelque chose, c’est peut être qu’il est temps de transmettre soi-même.
Tout un chacun est en capacité de transmettre ses connaissances même s’il n’est pas expert dans l’activité qu’il a choisi. Il suffit d’en savoir un petit peu plus que ceux à qui l’on transmet. Celui qui bénéficie de cette transmission peut à son tour transmettre ce qu’il a appris et ainsi de suite.
L’objectif économique et social
Comment concilier les besoins financiers pour faire fonctionner une « ferme autonome », avec les besoins financiers de ses usagers sur plusieurs saisons ?
Il est difficile physiquement et psychologiquement de se maintenir et de se développer dans l’agriculture et l’artisanat paysans avec la concurrence libérale du marché mondial tout en initiant une économie alternative, parallèle, locale, résiliente, durable, juste, sans énergie fossile et respectueuse des écosystèmes écologiques et de la biodiversité.
Les principales ressources du modèle économique, social et solidaire, de l’association sont :
1) Une exploitation agricole biologique en transition vers une production sans dépendances aux énergies fossiles et qui inclus dans le processus de production une activité d’expérimentations agronomiques utiles à l’adaptation aux changements climatiques, et également une activité de formation professionnelle en situation de production.
Au regard de ces conditions posées au processus de production, la vente de produits et services agricoles par l’association ne devrait pas être concurrentielle à celle des producteurs locaux, même avec des aides conventionnelles de type PAC.
Les bénéfices purement agricoles attendus seront donc marginaux et devraient selon nous laisser à l’association Loi 1901 son caractère non lucratif.
2) Une des ressources économiques de l’association consiste à louer « à prix coûtant » des espaces de pratique agricole et artisanaux, des espaces de logement, et des matériels à des prix accessibles pour ses usagers en formation professionnelle permacole mais à des prix suffisants pour couvrir les coûts d’entretien, d’amortissement et de développement des équipements de l’association.
Les AP Gérant d’activité qui résident sur place peuvent utiliser ces moyens pour leur propre activité économique, sous certaines conditions (notamment le respect de l’objet social de l’association et de son caractère non lucratif). Ils auront la possibilité de commercialiser en leur nom leur propre production de biens et de services, même s’ils sont réalisés avec des moyens loués à l’association.
3) Il peut aussi y avoir comme ressource économique ponctuelle la demande d’aides financières publiques ou privées.
Nous préférons que les éventuelles aides publiques ou privées pour la ferme d’apprentissage soient fléchées vers :
- le financement de personnes ayant des missions et des objectifs ponctuels et précis, comme un prestataire privé de services ou comme un service civique
- le financement des équipements et des aménagements nécessaires aux objectifs pédagogiques et d’expérimentation en agronomie et en autonomie Low Tech
- le financement d’aides individuelles pour les personnes en Transition et en reconversion professionnelle vers les métiers de la paysannerie permacole (via les dispositifs comme la CAF/MSA, l’accompagnement RSA, les aides à la formation professionnelle, etc.)
Les porteurs de projet étant également en quête d’autonomie, de simplicité et d’une gestion administrative et comptable de l’association la plus simplifiée possible, les associés bénévoles, souhaitent éviter de gérer du personnel salarié de l’association.
Il est donc préférable que le fonctionnement et l’organisation humaine de la personne morale qu’est l’association du projet ne dépendent pas de subventions publiques ou privées pour des responsables et cadres associatifs.
Les AP résidents et les volontaires ponctuels doivent contribuer économiquement aux coûts incompressibles de leur accueil sur place.
L’objectif économique de la ferme au quotidien dans l’économie actuelle doit pouvoir :
- financer les taxes et les coûts structurels d’entretien, de maintenance, de gestion et de développement de la ferme et de ses matériels mis à disposition,
- financer des prestations de gérance d’activités par des AP et des intendants,
- réduire les coûts financiers des AP locataires de la ferme par une autoconsommation de produits alimentaires produits à la ferme.
Parallèlement, la ferme doit permettre à des personnes à faibles revenus de vivre leur transition et leur reconversion professionnelle et d’accéder à l’apprentissage et à la pratique d’une vie paysanne permacole.
L’apprentissage de l’autonomie, de l’économie d’énergies et de l’autosuffisance alimentaire avec des modes de vie et de production permacoles est un acquis social qui permet d’améliorer ses conditions de vie et sa capacité d’achat.
La ferme invite également à l’entraide, à la sobriété, à du partage et à du négoce équitable entre AP résidents.
En fonction des saisons, des moyens rassemblés, toutes les ressources mises à disposition des AP Gérant d’activité ne leur permettront pas de se rémunérer ou de s’indemniser financièrement de manière équivalente.
C’est aux administrateurs d’être équitables selon les possibilités ; aux termes des contrats sociaux des AP, ils peuvent notamment faire tourner les espaces et les ressources mises à disposition des gérants d’activités entre les moyens les plus et les moins rentables dans l’économie mondiale actuelle.
Ainsi, globalement, toute initiative, système, réseau contribuant à des services publics et à une économie relocalisés, résilientes, parallèles et indépendantes de l’économie mondiale et des énergies fossiles est à soutenir, à expérimenter et à pratiquer du mieux que nous pourrons.
Faire avec et faire sans
L’association définit et met à jour un catalogue d’activités paysannes possibles sur le domaine, en cohérence avec l’objet social de l’association, avec le concept permacole, et selon les capacités des bâtis et des terrains agricoles et forestiers du domaine de la ferme.
Par ailleurs, au fil du temps, des partenariats avec des acteurs locaux peuvent permettre un plus grand choix d’activités pour les AP ; celles-ci pourront aussi s’effectuer en dehors du domaine, chez des partenaires locaux.
Les administrateurs collégiaux décident régulièrement parmi ces activités lesquelles sont prioritaires pour les prochaines saisons ou années et choisissent des AP qui ont un rôle de Gérant d’une ou plusieurs activités pour les organiser.
Les activités paysannes de la ferme ont pour intentions générales :
- d’être une occasion de pratique apprenante et humainement enrichissante pour ses usagers en Transition
- d’être une mise en situation réaliste d’un mode de vie post-pétrole
- de réaliser un exemple de concept permacole sur une petite ferme
- de générer des ressources partagées entre l’entretien et le développement des Communs de la ferme d’apprentissage, et une rétribution de ses acteurs.
Pratiquer en conditions réelles de production est un excellent moyen d’apprendre… et de se nourrir !
Nous produisons en prenant en compte le fait que le pétrole sera une énergie de plus en plus chère et rare.
Nous avons pour objectif de réduire notre consommation de ressources rares et lointaines et d’énergies fossiles et d’apprendre à faire sans sur des périodes de plus en plus longues.
À propos du « faire sans énergies fossiles », la philosophie générale est d’être pragmatique sans perdre de vue l’objectif.
L’intention, c’est :
- d’apprendre à « faire sans » : l’ensemble d’un processus « sans pétrole et sans technologies dépendantes du pétrole » doit être pratiqué et testé au moins une fois par les apprentis-paysans pour remplir l’objectif pédagogique
- d’avoir la possibilité de « faire sans » : si jamais on a pas les moyens pour payer ou se fournir de l’énergie fossile et les outils technologiques qui en dépendent, le fonctionnement et la production de la ferme doivent pouvoir être fonctionnelles « sans », malgré tout et à tout moment.
- d’avoir la possibilité de « faire avec » : si jamais on a pas réussi à réunir assez de main d’œuvre, assez de connaissances et assez d’outils anciens pour effectuer une activité en mode « sans pétrole », ou s’il s’agit d’un aménagement ou d’un terrassement pour le concept général permacole qui nécessite beaucoup trop de temps et de main d’œuvre à l’échelle du projet et que cela handicape le projet tant qu’il n’est pas réalisé.
Cela donnerait par exemple :
« Cet été, un groupe d’activité « Cultures de plein champs » n’a pas assez de volontaires, de personnes expérimentées ou d’outils pour récolter « sans pétrole et à l’ancienne » un hectare de céréales au moment de la récolte avant les pluies.
Il décide donc de faire appel à la moissonneuse mécanisée sur les 3/4 du champs, et garde le dernier quart pour un chantier participatif « récolte à la faux et au fléau » avec les participants et les outils qu’il a réussi à rassembler à temps. »
Actuellement, les prix artificiellement bas de la mécanisation et de ses carburants énergétiques, et la rareté de la main d’œuvre paysanne pour des travaux manuels, concurrencent déloyalement les méthodes anciennes, alternatives et résilientes.
Mais à petite échelle, et pour une économie locale de subsistance, elles ont depuis toujours leur pertinence, notamment dans les parties du monde qui n’ont pas notre puissance techno-industrielle :
« Pourquoi travailler à la houe [et à la faux] :
La houe est l’un des outils les plus anciens et universels de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui traitée de binette, la houe a été et reste la base de l’agriculture vivrière, des Égyptiens jusqu’aux Amérindiens et encore aujourd’hui dans toutes les régions du monde où l’on a besoin de cultiver la terre là où les machines sont trop coûteuses et où la traction animale n’est pas envisageable.
Travailler avec la houe n’est ni bécher ni labourer. On parle parfois de pseudo-labour en agronomie, mais en se référant souvent à des méthodes liées aux machines. La houe ouvre la surface du sol, l’aère et mélange la matière organique en mottes brisées. C’est aussi un outil remarquablement polyvalent, qui permet de :
- Convertir une surface de prairie ou une friche en zone cultivable
- Briser la surface du sol et l’aérer
- Sarcler, déraciner, creuser, buter, niveler, débroussailler, couper…
Ce seul outil peut nous accompagner dans la plupart des travaux de culture de la terre. Bien que le travail du sol soit rejeté en permaculture car celui-ci perturbe les organismes qui y vivent, la houe peut être utilisée intelligemment pour supprimer la dépendance aux bâches et aux motoculteurs, qui restent souvent utilisés pour préparer ou défricher une nouvelle zone de culture. Après avoir défriché ou converti une zone de culture à la houe, celle-ci doit être soignée et couverte pour nourrir le sol et éviter la repousse des plantes sauvages.
Le paillage peut être produit grâce à la faux, qui permet d’avoir un paillis « à la demande », non traité, sans graines et à la hauteur qu’on souhaite.
La houe et la faux représentent deux outils essentiels pour l’agriculture autonome à petite échelle. La houe prépare le sol, la faux le nourrit en prélevant le foin alentour. »4
À propos du degré de résilience de notre mode de vie à la ferme, la philosophie générale est là aussi d’être pragmatique sans perdre de vue l’objectif (dont l’ambition à terme est d’avoir le même train de vie énergétique que ses arrière-arrière-grands-parents).
L’aménagement prévu et progressif des bâtis et des terrains de la ferme d’apprentissages devra permettre d’organiser les activités de la vie quotidienne comme celles de la production agricole et artisanale de sorte qu’elles puissent fonctionner en s’adaptant à une descente énergétique de différentes ampleurs et dans différents domaines.
Les activités de la ferme ont vocation à anticiper des difficultés d’accéder à des ressources actuellement vitales (matériels, outils, matières premières, moyens de transports, pouvoir d’achat… ), sans savoir à l’avance lesquelles vont manquer ni où elles vont manquer (dans quelles régions, dans quelles communes).
Comme le faisaient nos ancêtres jusqu’il y a une centaine d’années, et comme le font actuellement la majorité de la population mondiale pauvre et exploitée (pour et par notre train de vie énergétique occidental) :
Il s’agit d’apprendre à manquer de chaque chose de la vie dite « moderne », en espérant ne pas avoir à manquer de tout au même moment et pour de trop longues périodes.
Dans notre conception du concept permacole et dans l’aménagement de la ferme d’apprentissage, nous appelons « niveaux de résilience » les différents modes de vie correspondant à différents paliers de descente énergétique et technologique.
Niveau 0 de résilience :
Le niveau 0 de résilience, c’est celui dans lequel la quasi totalité d’entre nous vivons actuellement en France au moment de la mise en place de la ferme :
C’est un train de vie énergétique avec une dépendance quotidienne complète et totale aux carburants, aux réseaux de distributions d’eau et d’électricité et aux infrastructures industrielles urbaines et routières de l’économie mondiale.
En niveau 0, il n’y a pas de stocks de matériaux et denrées pour vivre plus de quelques jours sans prendre la voiture pour aller acheter à manger et à se chauffer (même à la campagne) et sans solliciter l’électricité et des services publics vitaux eux-mêmes dépendants du réseau national et mondial.
Le niveau 0 est une installation humaine très complexe et coûteuse en énergie, en matériaux de construction et en maintenance de la vie domestique, par exemple :
- une plomberie très complexe et fragile pour amener l’eau au robinet de partout et pour gaspiller nos déjections de matières organiques dans des toilettes à eau.
- des systèmes de chauffage incapables de fonctionner sans électricité et sans pétrole.
- quasiment aucune production alimentaire locale à portée de piéton.
Niveau 1 de résilience :
Le niveau 1 de résilience est celui de « l’autonomie provisoire et très partielle du greenwashing ou du survivalisme ».
C’est un train de vie énergétique qui est le même que le niveau 0 pour le mettre en place, mais qui une fois que l’on s’est équipé de matériels modernes et de ressources lointaines, nous permet de vivre sans dépendre de l’économie mondiale …jusqu’à ce que les stocks ou des éléments indispensables de ces équipements fassent défaut et ne soient plus accessibles.
Le niveau 1 est une installation humaine qui ne permet qu’une autonomie de quelques années ou décennies.
C’est pourquoi, par exemple, concevoir des fermes qui ne peuvent pas abriter, réchauffer et nourrir sans des panneaux solaires photovoltaïques électriques et des serres en plastique ou en verre, c’est une fois de plus reporter de gros problèmes à venir sur le dos des générations suivantes.
En niveau 1 de résilience, il n’y a pas de stocks de matériaux et de denrées pour vivre en collectif plus de quelques mois (mais c’est déjà bien mieux que rien car si tous les habitants stockent un peu, cela donne potentiellement le temps à une société locale de se réorganiser avec moins de conflits sociaux à gérer).
Le niveau 1 nous fait investir beaucoup dans le maintien d’un confort de vie identique à celui du niveau 0 de résilience, grâce à certains gadgets en « low-tech » mais qui ne sont pas pérennes pour autant.
Cependant, cela peut permettre aux générations adultes « du deuxième âge » actuelles, tant qu’elles ont les moyens de s’équiper, de garder le moral et de mieux résister aux prochaines crises climatiques et économiques majeures du système mondialisé.
Car ce sont ces générations qui peuvent décider d’aménager et d’organiser, ou pas, les territoires locaux pour leur résilience.
Niveau 2 de résilience :
Le niveau 2 de résilience est celui de « l’autonomie paysanne soutenable », une vie quotidienne en polyactivité agricole et artisanale avec un train de vie énergétique rural des années début 1900 en France.
Le niveau 2 a des stocks normaux d’une vie paysanne, c’est à dire suffisant pour se nourrir durant les 4 saisons d’une année pour plus que tout un foyer, en anticipant des mauvaises récoltes de certaines productions et de l’aide aux démunis sur le territoire.
Niveau 3 de résilience :
Bienvenue chez les chasseurs-cueilleurs nomades ! Bien que nous accueillions avec plaisir des stages de ré-ensauvagement et d’immersions de (sur)vie dans les bois, car elles sont aussi très utiles à l’apprentissage du vivre ensemble et de la vie paysanne, forestière et montagnarde, le mode de vie et le niveau de résilience ultime de nos ancêtres pendant des centaines de milliers d’années ne font pas partie de nos objectifs prioritaires.
La biosphère, les forêts, la flore et la faune sauvages sont bien trop abîmées par les écocides en cours pour imaginer proposer ce mode de vie nomade comme une solution politique à l’échelle de millions d’habitants en France.
Le concept permacole doit donc prévoir l’organisation de la vie quotidienne et des activités de production pour que tout puisse fonctionner à la demande en niveau 2 de résilience, et le reste du temps en niveau 1.
Les usagers de la ferme d’apprentissages sont donc tous des apprentis qui devront pouvoir vivre et produire en alternant lorsque c’est nécessaire entre ces niveaux 1 et 2 de résilience,
que ce soit de manière forcée par des événements indépendants de leur volonté (par exemple : les 15 jours sans électricité et télécommunications pour plus de 20 000 foyers en Drôme et Ardèche en novembre 2019),
ou que ce soit volontairement (par exemple : des « jeux de rôles grandeur nature » pourront être organisés entre résidents qui le souhaitent :
« vivons et œuvrons 15 jours sans électricité ou sans eau au robinet dans la maison, puis parlons de ce que cela nous fait et de comment améliorer notre mode de vie en fonction, tout en respectant les limites et les consentements de chacune et de chacun et en prenant soin les un-e-s des autres. »
….
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1https://fr.wikipedia.org/wiki/Permaculture
Pour faire simple, on utilise le terme permaculture (agriculture permanente) dans cette présentation, mais on y inclut toute démarche d’observation et de réalisation globale, holistique, basée sur des principes régénératifs et durables similaires, complémentaires et formulés différemment tels que l’hydrologie agricole, l’agroforesterie, l’agroécologie, l’agriculture syntropique, l’autonomie alimentaire locale traditionnelle et ancestrale, etc…
2Bien entendu, l’estimation de la réalisation de l’objectif démonstratif de deux foyers de paysans produisant pour un foyer de non-paysans devra se faire avec des compositions de foyers aux capacités comparables (ex : même nombre d’adultes, d’enfants et d’anciens).
3Selon des simulations du GIEC :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat
4Citation du site : https://la-frontiere.fr